Bilan carbone oasis


Le Bilan carbone des oasis

Au vu de l'immense enjeu climatique, il est intéressant de regarder les solutions que nous prônons du point de vue de leur impact climatique. En effet, on entend souvent parler dans les médias des innovations technologiques qui permettraient soit-disant de résoudre le problème sans modifier notre mode de vie. Même si la technologie peut être un levier important, il n’en reste pas moins très insuffisant. 80% de notre énergie est fossile et carbonée (pétrole, gaz et charbon) et ne peut être remplacé par les énergies renouvelables qui, si on met de côté la biomasse (utilisée mondialement de façon durable) et l’hydroélectrique (au potentiel bien utilisé), ne représente que de l'ordre d'1% de l’énergie mondiale. Un Français moyen doit en effet nécessaire de diviser par 4 nos émissions de gaz à effet et ce n’est assurément pas possible que par la technologie : la vraie solution c’est de consommer moins, d’avoir un mode de vie plus sobre.


Cette nécessité de consommer moins est insupportable pour beaucoup car cela signifierait de « revenir à la bougie ». C’est évidemment absurde : vivre mieux ne nécessite pas forcément plus de consommation, mais avant tout plus de convivialité, de partage, de joie…

Les oasis sont justement des lieux qui allient les valeurs du faire-ensemble, du partage, avec celles d’un mode de vie proche de la Nature, plus autonome. Et ce mariage fonctionne bien à en croire la réussite de nombreux projets qui nous font rêver d’une vie plus cohérente et plus reliée aux autres et à la Terre !


Cette fiche complémente la vidéo précédente et vous donne la méthodologie et les résultats du Bilan Carbone qui a été réalisé. Nous avons comparé ce bilan avec les émissions moyennes d’un Français.


Qu’est-ce qu’un Bilan Carbone ?


Établir un bilan carbone complet, c’est recenser et calculer toutes les émissions de gaz à effet de serre dont nous sommes directement dépendants. Pas seulement celles dont nous sommes responsables, comme nos consommations de chauffage ou d’essence, mais aussi celles qui ont été émises pour notre usage, comme la production de nos aliments, de notre matériel informatique, de notre logement, des loisirs dont nous profitons…

Quand nous achetons quelque chose, même si cela n’émet pas des émissions « chez nous », cela a peut-être nécessité des émissions « ailleurs ». Un ordinateur par exemple demande de l’extraction de silicium dans des mines en Afrique, de l’électricité produite au charbon en Chine, des produits chimiques très polluants…

Un Bilan Carbone c’est regarder l’ensemble de ces émissions, pour mieux se rendre compte comment « faire sa part ». On convertit des kilogrammes de viandes ou de légumes, des km en avion ou en voiture, des KWh de gaz ou d’électricité… sous une même unité le « kilogramme d’équivalent CO2 ». Cela permet un regard large pour établir tous les leviers que nous avons pour réduire les émissions de C02 en comparant différentes idées.

A titre personnel, vous pouvez par exemple utiliser le Bilan Carbone personnel : http://www.bilancarbonepersonnel.org.


Le calcul pour des oasis


Nous avons travaillé avec le cabinet de conseil Carbone4? sur cette étude. Nous avons choisi 6 projets pour disposer d’une certaine diversité et pouvoir mieux sentir des tendances générales : le Hameau des Buis en Ardèche, Habiterre dans la Drôme, le Château Partagé en Savoie, l’Arche de Saint Antoine en Isère, la Maison Autonome en Loire-Atlantique et Ecolline dans les Vosges.

Nous avons collecté de très nombreuses données auprès des habitants de ces lieux : que mangent-ils ? comment ont-ils construit leurs logements ? combien consomment t’ils d’énergie ? comment se déplacent-ils ?

Pour le Hameau des Buis, nous avons par exemple bénéficié des données du chantier en autoconstruction : le nombre de tonnes de bois, de paille, de ciment, l’origine des matériaux pour le transport, le nombre d’heures d’utilisation d’une pelleteuse, l’énergie utilisée pour le sciage du bois…

Les résultats de tous ces calculs permettent de comparer les émissions de ces habitants avec un Français moyen, car il ne s’est bien sûr pas agi de prendre 5-6 personnes super « écolo » parmi ces lieux mais bien l’ensemble des habitants, soit plus d’une centaine de personnes d’âge différent.

Le résultat de cette comparaison est donné sur le graphe suivant :






















On voit déjà une nette différence sur l’aspect bâtiment :

  • les matériaux écologiques et locaux réduis poussent le bilan carbone de la construction et l’isolation très poussée et le bioclimatisme limitent le chauffage nécessaire.
  • l’alimentation est aussi bien différente, liée à une production locale et biologique et aussi à une consommation beaucoup plus modérée de viande.
  • les transports sont réduits, de par une plus grande utilisation du covoiturage, par le fait que beaucoup cherchent à travailler près de l’oasis voire directement sur place, mais aussi par le fait d’habiter « en vacances » et d’avoir du coup moins besoin de s’évader les week-ends
  • de nombreux biens sont aussi mutualisés comme les laveries, des véhicules, des espaces communs…
  • les services non individualisables sont gardés identiques à un Français moyen car il s’agit des dépenses en carbone de l’Etat que nous utilisons tous (certes plus ou moins) : les hôpitaux, les écoles, les routes, les organismes publics…

Au total, l’habitant d’une oasis utilise 2 fois moins de carbone pour vivre dans un lieu généralement envié par beaucoup. C’est insuffisant pour construire un monde complètement équitable, mais c’est déjà énorme, en particulier dans le contexte actuel ! Car si ces modes de vie se généraliseraient, cela faciliterait d’autres leviers, notamment au niveau politique et au niveau technologique pour réduire encore nos émissions.


Ce gain est lié à 3 facteurs :

  • L’écoconstruction, c’est-à-dire les choix techniques qui sont faits pour construire le logement
  • La mutualisation : moins de m² par personne puisque des espaces sont partagés, partage de voitures, de laveries…
  • Un mode de vie sobre : moins de viande, moins d’achats divers, moins de transports…


Il serait intéressant de mettre ce comparatif carbone en regard d’une évaluation de la satisfaction de ces personnes, qui habitent des lieux enviés par beaucoup de citoyens. Vivre plus écologiquement peut sans doute permettre un mode de vie plus heureux si nous apprenons à mieux mutualiser et à prioriser nos besoins.


Ces quelques chiffres peuvent vous être utiles pour justifier la pertinence de votre projet d'oasis, auprès de partenaires, auprès des élus comme de vos amis ! Ces calculs ont été faits pour vous servir, alors n'hésitez pas à les diffuser !