Il s'agit de Samuel Gallet. Il a 36 ans et il est notamment passé par l'ENASATT (école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre). Je l'ai rencontré il y a 2 ans (pas personnellement, avec ma classe), et je l'ai trouvé vraiment sympa et facile d'accès. Et cette année, il est en partenariat avec "les scènes du Jura" (vive la culture dans le Jura). Son écriture est très influencée par la poésie.
Je ne connais que deux extraits de son oeuvre, mais il m'a vraiment marqué. Je vais donc vous parler plus en détail de ces deux extraits. Il s'agit d'Erold, de Réanimation (qui sont les deuxièmes et troisièmes épisodes de sa pièce Les enfants atomiques) et de Rosa, tiré d'Oswald de nuit (Je ne sais vraiment pas si on peut trouver ces textes facilement, mais je les ai si ça vous intéresse et il y a des extrait dans mon lien).
Erold c'est l'histoire d'Erold, un mec un peu rejeté, dont tous le monde se fout, qui fugue, qui voyage dans toutes la France et qui finit pas rejoindre le mouvement des indignés en Espagne. Déjà comme histoire c'est magnifique (même si ça peut faire un peu cliché toussa toussa). L'écriture alterne la narration poétique : "erold est sorti de la ville / s'est perdu dans les campagnes / s'est assis sur une pierre / a regardé les champs / la terre humide / la boue" . Des monologues des différents personnages ( il y a aussi Thomas, l'ami d'erold, une femme qu'il rencontre sur la route, un chauffeur de camion qui le prend en stop) Erold dit par exemple quelque chose de très beau : "Les arbres que je préfère c'est les saules pleureurs. Il ressemblent asse bien à ce qu'il se passe dans ma tête." (Samuel Gallet a tiré cela de la réponse d'un enfant dans une école quand il lui a demandé son arbre préféré). Et il y a aussi des passages dialogué entre les différents personnages.
Réanimation, c'est l'histoire de Louise qui part à la recherche de sa petite soeur Rosa, blessée dans une manifestation contre l'austérité budgétaire à Athènes. Avec Erold, on suit celui qui fugue, avec Rosa, on à la vision de l'entourage de la fugueuse. Louise parcourt la ville pour retrouver Rosa. Elle se remémore l'attitude révoltée de Rosa quelques temps auparavant, elles essaye de la comprendre. Quand elle arrive dans une chambre d'hôtel où Rosa a séjourné, elle lui parle comme si elle était présente comme pour tenter de la faire revenir. Son immense monologue intérieur est ponctué de discours politiques poussé à leur plus extrême hyprocrisie ("nous sommes ouverts au dialogue nous adorons le dialogue dialoguons mis dans le calme nous vous expliquerons alors pourquoi vous avez tort"), de paroles rapportées de Rosa et d'un poème d'Alexandra Pizarnik extrait de "journaux 1959-1971" vraiment trop beau ("Je veux chanter et il n'y a rien à chanter, personne pour qui chanter . Il n'y a que de la merde, et la merde on l'insulte. Mais je voudrais bien chanter").
Rosa est quant à lui un texte sous forme de listes de mot et de poèmes de différentes formes. Au début il y par exemple une liste de mot pour désigner les frontières (barrière, clôtures, enceintes...) dans 3 ou 4 langues différentes et à la fin, il y a le même système mais avec des mots comme "galaxie, étoile, orage, cosmos...". Un des poèmes commence par "Je suis l'insurrection" et un autre par "i'm so tired of you old world", pour finir par une phrase que j'adore : " n'y aura-t-il jamais rien d'autre à faire que vivre".